Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé dimanche les forces russes de poursuivre leurs attaques. Cela malgré le cessez-le-feu promis la veille par Vladimir Poutine pour Pâques.
Cette proposition de trêve inattendue de 30 heures, déclarée unilatéralement par le président russe, aurait constitué la pause la plus significative dans les combats en trois années de conflit.
Mais quelques heures seulement après cette annonce, les alertes aériennes ont repris en Ukraine où les autorités - qui s'étaient engagées à respecter le cessez-le-feu - ont dénoncé sa violation par les Russes.
Volodymyr Zelensky a indiqué sur sa page Facebook dimanche que les tirs d'obus, assauts et attaques par drone s'étaient poursuivis pendant la nuit.
"Dans l'ensemble, le matin de Pâques, nous pouvons affirmer que l'armée russe tente de donner l'impression générale d'un cessez-le-feu, tout en poursuivant dans certaines régions des tentatives isolées d'avancer et d'infliger des pertes à l'Ukraine", a écrit le président, citant un rapport du commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky.
Entre 18H00 locales et minuit, ce rapport signale "387 bombardements et 19 assauts par les forces russes" ainsi que l'usage de dizaines de drones. Depuis minuit "il y a déjà eu 59 cas de bombardements et cinq assauts d'unités russes", ajoute-t-il.
Accusations russes
L'Ukraine répondra "symétriquement" à toute attaque, a affirmé M. Zelensky. La Russie a affirmé de son côté dimanche que ses forces avaient "repoussé" des attaques ukrainiennes durant la nuit.
"Malgré l'annonce de la trêve de Pâques, des unités ukrainiennes ont tenté, durant la nuit, d'attaquer les positions russes dans les zones de Sukhaya Balka et Bogatyr, dans la République populaire de Donetsk, mais ces attaques ont été repoussées", a annoncé le ministère russe de la Défense, en faisant référence à des villages situés dans la partie orientale de la région de Donetsk, contrôlée par la Russie.
Un journaliste de l'agence étatique russe RIA Novosti dans la ville de Donetsk tenue par les Russes a rapporté avoir entendu des explosions et vu un incendie dimanche matin.
Impasse
La trêve ordonnée samedi par M. Poutine intervient alors que les efforts de l'administration américaine pour trouver une issue au conflit en Ukraine paraissent dans l'impasse.
Vendredi, le président américain Donald Trump a menacé de se retirer des négociations faute de progrès rapides dans les discussions séparées que ses lieutenants ont depuis plusieurs semaines avec Kiev et avec Moscou.
Vladimir Poutine a justifié cette trêve de Pâques "par des considérations humanitaires", la décrétant de 17h00 samedi à 23h00 dimanche.
"Je donne l'ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période", a déclaré le dirigeant russe à la télévision, tout en demandant à ses forces de se tenir prêtes à une "réponse immédiate et complète" en cas de "violations de la trêve".
Son homologue ukrainien s'était dit prêt à respecter le cessez-le-feu, proposant même de l'étendre "au-delà du 20 avril".
"Chance à la paix"
"La Russie doit se conformer pleinement aux conditions du cessez-le-feu. La proposition de l'Ukraine de mettre en oeuvre et de prolonger le cessez-le-feu pendant 30 jours après minuit ce soir reste sur la table," a déclaré Volodymyr Zelensky dans un message posté dimanche.
Précédemment, il avait estimé que "30 jours pourraient donner une chance à la paix".
Mais les habitants de Kiev interrogés par l'AFP ne croyaient pas à une trêve. "Ils ont déjà rompu leur promesse. Malheureusement, nous ne pouvons pas faire confiance à la Russie", a déclaré Olga Grachova, une commerçante de 38 ans.
"Tout ce que nous proposons, malheureusement, reste seulement au stade de proposition. Personne n'y répond", déplorait Natalia, une médecin de 41 ans.
Il faut que "cette guerre terrible se termine, pour que notre peuple, nos soldats et nos enfants cessent de mourir", soulignait Sergiy Klochko, 30 ans, un cheminot.
"Diabolique"
"Il est impossible de croire à un quelconque cessez-le-feu de la part de ces gens", estimait Dmitri, un soldat urkainien de 40 ans, samedi, à Kramatorsk (est). "Je pense que cet homme (Poutine) est diabolique, un meurtrier".
A Moscou, Evgeniy Pavlov, 58 ans, affirmait pour sa part qu'il ne fallait "pas donner de répit à l'Ukraine".
La Russie a annoncé samedi avoir échangé 246 prisonniers de guerre ukrainiens, contre le même nombre de prisonniers russes, en plus de 31 blessés ukrainiens et 15 blessés russes.
Les Emirats arabes unis, médiateur sur ce dossier, ont salué "le plus grand échange" de prisonniers depuis le début de la guerre.
La fête de Pâques, l'une des plus importantes du calendrier chrétien, qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes.
Dans une allocution de Pâques, M. Zelensky a déclaré que le sens de cette fête religieuse était que "le mal reculera, et que la vie triomphera".
"Aujourd'hui, ces mots résonnent dans chaque coeur ukrainien. Et ils renforcent notre foi, qui, malgré tout, n'a pas faibli pendant 1152 jours de guerre totale", a-t-il affirmé.
Des tentatives d'instaurer un cessez-le-feu à cette occasion en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.
La Russie a revendiqué samedi avoir "libéré" la quasi-totalité - "99,5%" -, de la région russe de Koursk, cible en août 2024 d'une offensive surprise des forces ukrainiennes. Une telle progression replacerait à nouveau en totalité le front sur le sol ukrainien.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp