Enseignants surchargés, manque de ressources pédagogiques et de formations, à Genève la réforme de l'Ecole de commerce inquiète le syndicat Union. D'accord sur le fond, il pointe du doigt une réforme adoptée dans la précipitation.
À Genève, la réforme de l'Ecole de Commerce provoque de nombreux dysfonctionnements. En vigueur depuis un peu plus de quatre semaines, élèves et enseignants sont perdus selon le syndicat Union. Cette réforme devait permettre aux apprentis de mieux correspondre aux exigences du monde du travail. L'enjeu était de passer d'un enseignement disciplinaire à un enseignement de compétence. La décision a été prise au niveau fédéral en août 2021. Le syndicat le reconnaît volontiers: la réforme était nécessaire, mais deux ans c'est trop court pour mettre en place une telle révolution. Ecoutez Waël Almoman, membre du bureau de l'Union du corps de l'enseignement secondaire genevois.
Fini donc les maths ou le français comme disciplines, pour laisser place à des domaines de compétences comme la stratégie marketing. Comment ce bouleversement est-il perçu dans les classes? La réponse de Kevin Udrisard, enseignant de français, membre du bureau de l'association des maîtres d'André Chavanne et membre du comité d'Union.
Enseignants pas compétents
Selon le syndicat, si les élèves sont dans le flou, les enseignants naviguent également à vue. Ils dénoncent un manque de formation et de préparation des ressources pédagogiques. Plus important encore: ils ne savent pas sur quels critères seront jugés les apprentis aux examens. Cerise sur le gâteau: certains enseignants ne se sentent pas compétents pour dispenser les nouveaux enseignements. On retrouve Kevin Udrisard.
Contacté, le DIP affirme être "conscient de l'effort demandé ainsi que du calendrier serré" de la réforme et assure tout mettre en oeuvre pour accompagner au mieux les enseignants. Dans une réponse écrite, il salue les efforts " d'une grande majorité des membres du corps enseignant qui a su s'adapter avec brio à ce nouveau challenge". Tout en reconnaissant "des problèmes de jeunesse dans l'application de cette nouvelle ordonnance fédérale".
Le département explique également avoir d'ores et déjà pris des mesures. Parmi elles, trois formations continues sont proposées d'ici le mois d'octobre "à la demande des enseignants". Des systèmes proactifs de communication doivent également être mis en ligne ces prochains jours afin "d'améliorer la fluidité de l'information dans les deux sens et optimiser les réponses pédagogiques à donner en cas de problème dans les systèmes".