A Genève, les infractions contre l'intégrité sexuelle ont augmenté de 19% en 2024. Parmi ces infractions, les viols sont en hausse de 60%. La police estime que la libération de la parole des victimes explique en partie cette augmentation spectaculaire.
Les infractions contre l'intégrité sexuelles sont passées de 530 en 2023 à 632 en 2024, selon le bilan 2024 de la criminalité genevoise présenté lundi devant la presse. Les cas de viols sont eux passés de 89 en 2023 à 142 en 2024 (+60%). Et près de trois-quart des viols ont lieu entre quatre murs.
Selon le chef de la police judiciaire, Richard Boldrini, la modification en juillet dernier de la norme pénale qui redéfinit la notion de viol ne peut pas directement expliquer cette hausse du nombre de viols dénoncés à Genève. Mais il existe un effet indirect, a ajouté la conseillère d'Etat Carole-Anne Kast.
Le débat autour de cette modification pénale a contribué à libérer la parole des victimes, a ajouté la cheffe du Département des institutions et du numérique (DIN). Le mouvement MeToo est aussi passé par là, faisant changer la honte de camp. Selon la police, l'amélioration de l'accueil et de la prise en charge des victimes encourage aussi le dépôt des plaintes.
Les infractions contre le patrimoine sont aussi en hausse (+10%). Dans cette catégorie, la police genevoise relève une augmentation très importante des brigandages (+68%), soit des vols avec violence. Au total, 219 personnes ont été arrêtées en lien avec ces brigandages, dont 41% de mineurs.
Jeunes et seniors
La violence juvénile continue ainsi à être une problématique inquiétante dans le canton. En 2024, 252 mineurs ont été prévenus d'infractions contre la vie et l'intégrité corporelle (+15%). La banalisation de la violence sur les réseaux sociaux est en cause. La police a accru sa présence dans les zones sensibles afin de limiter les confrontations entre bandes rivales annoncées.
Les statistiques policières mettent également en lumière une hausse des victimes du troisième âge. Les seniors sont principalement la cible de vols à l'astuce (49%), de cambriolages (24%), d'escroqueries (24%) et de l'utilisation frauduleuse d'un ordinateur (22%). Ces arnaques, souvent organisées depuis la France, font des émules chez les jeunes à Genève, qui sont recrutés via Snapchat. Il faut juguler cette spirale, selon M.Boldrini.
"Se réinventer"
Enfin, comme ailleurs en Suisse, la criminalité numérique est en hausse (+38%). Les modes opératoires les plus fréquents sont les abus d'identité, les petites annonces frauduleuses ainsi que les cas de phishing. "Il y a maintenant une criminalité locale qui adopte les modes opératoires des grands groupes étrangers", a relevé le chef de la police judiciaire.
"Face à ce type de criminalité, il faut constamment se réinventer", a souligné la commandante de la police Monica Bonfanti. La police genevoise travaille notamment en collaboration avec des spécialistes afin d'être à la pointe en matière de cryptomonnaie.
Nouveau produit
En 2024, la police a mis l'accent sur la lutte contre le crack. Les effectifs ont été renforcés, des réseaux ont été démantelés et au final, la problématique du crack reste contenue dans le secteur du Quai 9, a souligné la commandante de la police.
La police genevoise anticipe désormais l'arrivée d'un nouveau produit: le fentanyl, un puissant opioïde de synthèse qui fait des ravages outre-Atlantique. Un plan d'action pour lutter contre cette drogue est prêt. Pas question de se laisser prendre de court, comme cela avait été le cas pour le crack, a conclu la commandante de la police.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats