Il n'y a actuellement pas de consensus au sein des 27 membres de l'UE pour faire un emprunt commun afin de réarmer l'Europe, a reconnu jeudi soir le président français Emmanuel Macron à Bruxelles. Il y a cependant "une volonté de travailler ensemble", a-t-il ajouté.
Le président français est "convaincu" que l'Union européenne "devra à nouveau faire un emprunt commun" face au "mur de la dette", a-t-il répété à l'issue du sommet européen. Mais l'Allemagne ferme toujours la porte: la position allemande est "bien connue", a éludé le chancelier sortant Olaf Scholz.
Paris espère malgré tout que son probable successeur, Friedrich Merz, que le président français a rencontré mardi soir pendant près de trois heures à Berlin, se montrera moins réticent.
Emmanuel Macron et Friedrich Merz "ne sont pas entrés dans ce degré de granularité, mais il y a une volonté de travailler ensemble", a glissé un diplomate français. "Laissons mûrir les choses".
Les Européens ont approuvé, il y a deux semaines, le plan de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros en faveur de la défense.
Si tout le monde se félicite d'une action décisive accomplie en un temps record, les voix se multiplient pour souligner les limites d'un dispositif qui repose essentiellement sur les dépenses nationales.
"Être plus ambitieux"
Certains Etats membres surendettés comme la France, l'Italie ou la Belgique, auront les plus grandes peines à trouver des marges de manoeuvre.
Si s'endetter plus n'est pas une option, couper dans l'investissement ou les dépenses sociales pour financer l'effort militaire risque de susciter la colère des opinions publiques.
Les pays du sud, Rome et Madrid en tête, sont favorables au grand emprunt défendu de longue date par la France, tout comme désormais les Etats en première ligne face à la Russie comme la Pologne et les pays baltes.
"Il ne doit pas s'agir uniquement de prêts, comme c'est le cas actuellement. Je pense que nous devons également discuter sérieusement de la possibilité d'une facilité commune d'emprunt qui offrirait des subventions aux Etats membres", a estimé jeudi le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis à Bruxelles.
Le Livre blanc sur la défense, présenté mercredi pour détailler les projets de la Commission européenne, "n'est qu'une première étape. Nous sommes ouverts à d'autres discussions sur la manière dont nous pouvons trouver encore plus de fonds", a appuyé la première ministre lettonne, Evika Silina.
Covid-19
En pleine crise du Covid-19, en 2020, l'Europe avait franchi un cap historique en acceptant de s'endetter en commun pour éviter un naufrage économique: en clair organiser un transfert financier du nord vers le sud.
A l'époque, la chancelière allemande Angela Merkel avait accompli un revirement longtemps jugé impensable, en acceptant finalement un grand emprunt à 800 milliards d'euros pour éviter un naufrage financier qui aurait menacé toute l'Europe.
La logique pourrait être la même aujourd'hui face à un danger existentiel pour l'UE. "Évidemment, les voisins de la Russie sont plus concernés, cela va de soi [...] mais la menace à laquelle on fait face nous concerne tous", a souligné mardi le président du Conseil européen, António Costa, dans une interview à l'AFP.
Le premier ministre néerlandais, Dick Schoof, a pourtant réitéré jeudi l'opposition de son pays à toute mutualisation de la dette: "la position des Pays-Bas, c'est que nous sommes contre".
Arrivée de Trump
Comme en 2020, beaucoup dépendra de Berlin. Déstabilisés par le désengagement de Donald Trump vis-à-vis des Européens, les Allemands ont déjà brisé un tabou en approuvant un fonds spécial d'environ 500 milliards d'euros pour l'investissement public et en levant les obstacles constitutionnels qui encadrent le recours à la dette.
Lors d'un débat en septembre, le probable futur chancelier allemand Friedrich Merz, en campagne électorale, avait réaffirmé son opposition à toute nouvelle dette commune.
"Je veux le dire très clairement. Maintenant et à l'avenir, je ferai tout pour éviter que cette Union européenne ne s'engage dans une telle spirale d'endettement", avait-il affirmé. Mais c'était avant l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp