Israël a bombardé vendredi la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, pour la première fois après quatre mois de trêve. Tsahal ripostait à des tirs de roquettes qui ont visé son territoire.
L'armée israélienne, qui a aussi bombardé le sud du Liban, avait appelé à évacuer une partie des habitants de la banlieue sud, cible de bombardements intenses pendant les deux mois de guerre ouverte qui l'ont opposée au mouvement libanais soutenu par l'Iran, avant un fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.
La frappe a visé le quartier densément peuplé de Hadath, dégageant un immense champignon de fumée noire.
Dans les ruines fumantes des immeubles soufflés, où les pompiers tentaient d'éteindre les flammes, les secouristes fouillaient les décombres et évacuaient des blessés, selon des images de l'AFP.
Un énorme embouteillage s'est formé aux portes de la banlieue sud, dont beaucoup d'habitants cherchaient à fuir.
"Nous avons très peur que la guerre revienne", a affirmé un chauffeur de taxi de 55 ans, prénommé Mohammad, qui fuyait avec sa famille, comme il l'avait déjà fait pendant la guerre de l'automne.
Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait appelé peu avant les habitants de Hadath à évacuer une zone située autour "d'installations du Hezbollah", en désignant un bâtiment en rouge sur une carte.
L'armée israélienne avait annoncé vendredi matin bombarder des cibles du Hezbollah dans le sud du Liban, frontalier d'Israël, en riposte au tir de deux "projectiles" dont l'un a été intercepté et l'autre est tombé sur le sol libanais.
Le Hezbollah a nié être à l'origine de ces tirs.
"Tourbillon de violence"
Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé l'ouverture d'une enquête. "Tout indique (...) que le Hezbollah n'est pas responsable" des tirs, a-t-il affirmé.
L'armée libanaise a annoncé avoir découvert dans le sud du pays les rampes de lancement de roquettes utilisées pour viser Israël.
Ces rampes étaient installées "dans la zone de Qaaqaiyat al-Jisr", à la limite nord du fleuve Litani, la zone d'où le Hezbollah est censé se retirer en vertu de l'accord de cessez-le-feu, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne.
Le mouvement islamiste libanais, sorti très affaibli de la guerre, a annulé un rassemblement prévu vendredi dans la banlieue sud.
C'est la deuxième fois depuis le début du cessez-le-feu que des roquettes sont tirées depuis le Liban vers Israël, la précédente remontant au 22 mars.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a aussitôt menacé: "S'il n'y a pas de calme à Kiryat Shmona et dans les localités de Galilée", dans le nord d'Israël, "il n'y aura pas de calme à Beyrouth", a-t-il dit.
Le ministre a prévenu plus tard que la banlieue sud serait frappée "à chaque tentative" d'attaque contre le nord d'Israël.
Joseph Aoun, en visite à Paris, a condamné "toute tentative détestable de ramener le Liban dans un tourbillon de violence" après les frappes israéliennes.
Celles-ci ont fait trois morts et 18 blessés à Kfar Tebnit, un village du sud du Liban, selon l'agence de presse libanaise Ani.
Son homologue français, Emmanuel Macron, a dénoncé des frappes "inacceptables", "en violation du cessez-le-feu", et annoncé qu'il allait s'entretenir avec le président américain, Donald Trump, et le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Ecoles fermées
Après les menaces israéliennes, les écoles ont fermé dans plusieurs localités du sud du Liban, comme à Tyr, visée par une frappe le 22 mars, où des familles paniquées ont ramené leurs enfants à la maison.
"J'ai décidé d'emmener mes enfants à l'école malgré la situation, mais la direction m'a dit qu'ils avaient fermé après les menaces israéliennes", a témoigné Ali Qassem, un père de quatre enfants.
Le Hezbollah, allié du Hamas, avait ouvert un front contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023.
Ces hostilités, qui ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024, ont fait plus de 4000 morts au Liban et contraint plus d'un million de personnes à fuir.
Du côté israélien, le bilan se monte à 78 morts, parmi lesquels 48 soldats en plus des 56 soldats tombés lors d'une offensive au sol déclenchée au Liban à la fin du mois de septembre, selon des données officielles.
Quelque 60'000 habitants du nord d'Israël ont été déplacés, dont la moitié n'est pas encore rentrée chez elle, selon les autorités.
Depuis le retrait incomplet des soldats israéliens du sud du Liban le 15 février, Israël continue de mener des frappes en territoire libanais.
Israël a par ailleurs rompu le 18 mars deux mois de trêve à Gaza, afin de contraindre le Hamas à libérer ses derniers otages. Selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste, 896 personnes ont été tuées dans le territoire palestinien depuis cette date.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp