Les gardes à vue des grands-parents maternels du petit Emile ont été levées dans la nuit de mercredi à jeudi, avant une prise de parole très attendue du procureur d'Aix-en-Provence sur la mort toujours inexpliquée du garçonnet.
"La garde à vue de ma cliente va être levée, c'est naturellement un immense soulagement" et elle "ressort libre", a déclaré Me Julien Pinelli, avocat de la grand-mère, aux journalistes en sortant des locaux de la gendarmerie à Marseille peu après 03H00.
Presque deux heures plus tard, Me Isabelle Colombani annonçait que son client, le grand-père, Philippe Vedovini, allait également ressortir sans poursuite à ce stade: "Au bout de 17 heures d'audition aujourd'hui, la garde à vue est levée".
"Il y avait peut-être des zones d'ombre à lever, mais voilà...", a-t-elle ajouté en souriant. Les gardes à vue devaient légalement s'achever vers 06H00.
Un oncle et une tante
Aucune information n'a immédiatement filtré sur les gardes à vue de deux de leurs enfants, un oncle et une tante d'Emile, également placés mardi en garde à vue pour "homicide volontaire" et "recel de cadavre". Ils étaient entendus ailleurs. "A priori, les gardes à vue sont levées aussi", a glissé Me Colombani. Selon BFM, la garde à vue de la tante a également été levée.
Selon Me Pinelli, la grand-mère Anne Vedovini "a tenu à participer à ce qui pourrait naturellement s'apparenter à une épreuve, mais elle a tenu à le faire dans la mesure où elle estimait que c'était sa contribution aussi à cette enquête dont elle attend aujourd'hui les réponses".
Les enquêteurs "avaient depuis hier beaucoup de questions à nous poser. On a répondu à l'intégralité des questions", a déclaré Me Colombani. "On n'est pas sur des états d'âme. On est sur des éléments précis, factuels", avait-elle dit plus tôt mercredi.
"Situation de l'enquête"
Mercredi soir, le procureur d'Aix-en-Provence Jean-Luc Blachon avait indiqué dans un bref communiqué à l'AFP qu'il tiendrait une conférence de presse jeudi à midi. Il ne faisait aucune mention des auditions, se bornant à indiquer qu'il s'agira d'"évoquer la situation de l'enquête dans le dossier concernant la disparition et la mort d'Emile Soleil".
Le magistrat n'a jusqu'à présent pris la parole qu'une seule fois dans ce dossier, lors de la découverte du crâne de l'enfant il y a un an.
Depuis mardi matin, une possible piste familiale semblait se dessiner. Peu après 06H00, Philippe et Anne Vedovini, parents de Marie, la mère d'Emile, ainsi que deux enfants majeurs du couple avaient été interpellés dans leur mas cossu de La Bouilladisse, entre Aix-en-Provence et Aubagne. Ils avaient été placés en garde à vue.
Le procureur avait alors indiqué qu'il s'agissait d'"une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois".
Leur domicile avait également été perquisitionné: un véhicule SUV et une remorque à cheval y avaient été saisis. Selon une source proche du dossier, "une dizaine d'auditions de témoins" ont également eu lieu. S'agit-il des autres enfants du couple Vedovini, une famille croyante et discrète de 10 enfants au total, dominée par la figure du grand-père, 59 ans, le patriarche rigoriste du clan?
Le mystère reste entier
Emile, âgé de deux ans et demi, a disparu le 8 juillet 2023, alors qu'il venait d'arriver chez ses grands-parents, dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, perché à 1.200 mètres d'altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Les parents du garçonnet n'étaient pas sur place au moment de la disparition, contrairement à plusieurs autres membres de la famille.
Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de ratissages judiciaires, aucune trace de l'enfant n'avait été retrouvée dans cette zone escarpée et isolée.
Pendant neuf mois, l'enquête n'avait rien donné de concret, jusqu'à la découverte fortuite, fin mars 2024 par une promeneuse, du crâne et de dents de l'enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte.
Des vêtements et un petit bout d'os avaient également été retrouvés dans la même zone.
Début février, les obsèques du garçonnet s'étaient tenues en la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var). Le soir même, les grands-parents publiaient un communiqué estimant que "le temps du silence doit laisser place à celui de la vérité" et assurant "ignorer toujours ce qui est arrivé à Emile".
Le 13 mars, la présence d'enquêteurs dans le hameau du Haut-Vernet avait relancé les spéculations. Les gendarmes avaient saisi devant l'église paroissiale une grande jardinière, dans laquelle des traces de sang ont été retrouvées, selon une source proche du dossier à l'AFP.