Le président du parti d'extrême droite Reconquête Eric Zemmour a été condamné mercredi à une peine de 9000 euros d'amende pour injure raciale concernant des propos où il opposait "deux France" dans l'affaire de Crépol.
Si l'amende n'est pas versée, cela peut donner lieu à l'incarcération d'Eric Zemmour.
Dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, Thomas, un lycéen de 16 ans, avait été tué à coups de couteau lors d'une rixe entre des jeunes de ce village de la Drôme et un groupe d'autres jeunes arrivés dans la soirée. L'affaire avait suscité une vive polémique, la droite et l'extrême droite l'élevant en emblème d'une insécurité dans les zones rurales due, selon elles, à des habitants de quartiers urbains défavorisés.
Liberté de parole revendiquée
Interrogé sur une expédition punitive de militants d'ultradroite qui avait suivi, Eric Zemmour avait reproché aux "médias" et au "gouvernement" un "écran de fumée", "ridicule" par rapport "au meurtre de Thomas" et aux "dizaines de morts de la main des racailles arabo-musulmanes".
"Nous avons, aujourd'hui, une situation où nous avons deux peuples, deux France, deux jeunesses, celle de Thomas, celle de Chahid", avait déclaré Eric Zemmour le 30 novembre 2023 sur RMC et BFMTV.
Ces propos avaient été signalés par le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), SOS Racisme, deux députés LFI et un particulier.
Devant les enquêteurs, Eric Zemmour, déjà poursuivi et condamné à plusieurs reprises pour ses sorties sur l'islam, l'immigration ou l'histoire de France, avait contesté le caractère injurieux de ses propos et revendiqué sa liberté de parole.
"Généralisation grossière"
Le tribunal correctionnel de Paris, qui a prononcé une peine de 60 jours amende à 150 euros, a souligné que l'ex-candidat à la présidentielle tient un "discours essentialiste en déduisant l'origine des individus des prénoms qu'ils portent" et "désigne comme assassins (...) les personnes d'origine arabe et de confession musulmane qu'il traite de 'racailles'".
Eric Zemmour "véhicule sciemment l'image d'une France divisée (...) entre d'une part un groupe de 'prédateurs', au sens d'une prédation meurtrière, composée des personnes d'origine arabe, qu'il désigne de manière caricaturale comme la France des 'Chahid'" et de l'autre celle des "Thomas", "qu'il dépeint, en contraste, de façon idyllique et tendre", selon le tribunal.
Il a ainsi proféré "de graves injures", "en direct" dans "des émissions de grande écoute (...) dans une démarche globalisante et véhiculant un discours de haine venant encore aggraver les dissensions et aiguiser les ressentiments", selon les juges. Et ce "à un moment très tendu où deux camps antagonistes étaient susceptibles de commettre des actions violentes et où les pouvoirs publics craignaient des actions de représailles voire des phénomènes d'émeutes".
Le tribunal a, en revanche, relaxé M. Zemmour pour un autre passage de l'interview, malgré son utilisation de "termes clivants et excessifs en convoquant les notions d''invasion' et d''islamisation'".
Relaxé dans une autre affaire
Dans un jugement distinct, Eric Zemmour a également été relaxé mercredi pour des messages sur Twitter (devenu X) dans lesquels il évoquait en octobre 2022 le meurtre de Lola, adolescente de 12 ans.
"Dhabia B, Amine K, Friha B et Rachid N, ce sont les noms des quatre suspects algériens dans l'affaire du meurtre de Lola. Quand défendrons-nous nos enfants contre ces francocides qui sont toujours commis par les mêmes, toujours au détriment des mêmes ?", s'interrogeait-il.
Le tribunal a estimé que ces propos, s'ils "procèdent à une généralisation grossière, ne permettent pas de caractériser une communauté déterminée qui serait visée par les propos discriminatoires ainsi diffusés".
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp