"Nous n'avons pas peur!" C'est avec ces mots répétés par la foule que la cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado est sortie de la clandestinité pour participer à la manifestation anti-Maduro à Caracas, à la veille l'investiture du président.
"Yo juro con Maduro" (Je prête serment avec Maduro) crient quant eux des milliers de partisans du pouvoir qui se rassemblent avant une marche de soutien au président , qui doit prêter serment pour un troisième mandat à l'Assemblée nationale vendredi à midi (17h00 suisses).
Les autorités ont massivement déployé les forces de l'ordre dans le pays, particulièrement dans la capitale Caracas, jurant que l'investiture se passera "dans la paix" et la "normalité".
Vêtue de blanc et brandissant un drapeau vénézuélien, Mme Machado, qui vit dans la clandestinité et n'était pas apparue en public depuis le 28 août, est arrivée à bord d'un camion, sous les vivats, dans le quartier commercial et huppé de Chacao.
"Tout le Venezuela est dans la rue, Nous n'avons pas peur!", a lancé l'opposante accusée d'être une "criminelle" par Maduro lui-même et qui avait juré de ne vouloir "manquer pour rien au monde ce jour historique".
Les quelques milliers de partisans présents, qui avaient scandé ce slogan pendant la matinée en attendait son arrivée, ont aussitôt repris en choeur.
"Je laisserai ma peau sur l'asphalte pour mes enfants, mais cela en vaudra la peine car le Venezuela sera libre! Vive le Venezuela libre!", affirme Rafael Castillo, 70 ans, qui espère déloger Maduro au pouvoir depuis 2013.
"En liberté"
"Nous nous verrons tous très bientôt à Caracas, en liberté", a lancé depuis Saint-Domingue celui que les opposants considèrent comme le "président élu", Edmundo Gonzalez Urrutia. "Nous, les Vénézuéliens, sommes déterminés à persévérer dans cette lutte jusqu'au bout", a-t-il ajouté.
"Le seul président élu dans ce pays est Nicolas Maduro, le peuple l'a élu et le peuple le soutient", estime quant à lui Noeli Bolivar, 28 ans, au milieu de partisans de Maduro qui brandissent des centaines de drapeaux du Venezuela lors de cette marche "pour la paix".
L'opposition revendique la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia à la présidentielle. Elle assure que les procès-verbaux des bureaux de vote qu'elle a recueillis prouvent que l'ancien diplomate a remporté le scrutin haut la main - plus de 67% des voix - face à "un régime qui se sait battu" et complètement isolé sur le plan international.
Le Conseil national électoral (CNE) avait proclamé le président sortant vainqueur du scrutin avec 52% des voix, mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d'un piratage informatique. Une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs.
L'annonce du CNE avait provoqué des manifestations spontanées dans tout le pays, durement réprimées. Les troubles post-électoraux se sont soldés par 28 morts, plus de 200 blessés, et 2.400 personnes arrêtées pour "terrorisme".
Les forces de sécurité ont procédé à de nombreuses arrestations ces derniers jours: quelque 150 personnes, dont un présumé responsable du FBI (police fédérale américaine) et un militaire américain, selon M. Maduro, qui a évoqué une "agression" financée par les États-Unis.
Washington, qui ne reconnaît pas la victoire de M. Maduro, a qualifié de "catégoriquement fausse" toute accusation de participation "dans un complot visant à renverser Maduro", selon un porte-parole du département d'État américain.
Arrestations
Enrique Marquez, figure de l'opposition vénézuélienne et fer de lance de la bataille juridique contre la réélection contestée de M. Maduro, et le gendre de M. Gonzalez Urrutia font partie des personnes arrêtées, accusées d'être impliquées dans cette tentative de putsch, selon le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello.
Le respecté Carlos Correa, directeur d'une ONG réputée de défense des droits humains, a également été arrêté.
L'ONU s'est dite "profondément inquiète" jeudi de la détention d'opposants politiques et notamment celle de M. Correa, a écrit Volker Türk, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.
Exilé en Espagne depuis septembre, M. Gonzalez Urrutia conclut en République dominicaine sa tournée qui l'a notamment mené à la Maison Blanche.
Il avait envisagé d'aller à Caracas vendredi pour prêter serment à la place de M. Maduro, un projet jugé "improbable" par des observateurs.
Les autorités vénézuéliennes, qui ont mis à prix pour 100'000 dollars la tête de M. Gonzalez Urrutia, ont promis la prison à tous ceux qui l'accompagneraient, affirmant qu'elles réagiraient comme face à une "force d'invasion".
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp