Le procès du meurtre du Seujet s’est ouvert ce jeudi devant le Tribunal criminel de Genève. Des faits qui remontent à 2015. Le 3 juillet, la victime, un homme de 73 ans, avait été retrouvée morte dans son appartement au Quai du Seujet, près de 4 mois après son décès. Selon l’autopsie, le retraité aurait été tué en mars de deux balles de carabine dans la tête. Son corps a ensuite été déposé sur le balcon. C’est l’odeur qui a alerté les voisins et qui a provoqué la découverte du corps par la police. L’accusé, un homme de 46 ans, est soupçonné d’assassinat.
L’accusé, d’origine indonésienne, a été adopté. Il décrit sa famille d’adoption comme soudée. De son enfance à Laconnex, il se souvient de ses camarades de classe qui le traitait « tout le temps de nègre ». L’homme connaissait bien sa victime. Il est accusé de son assassinat, mais aussi de vol, d’abus de confiance d’escroquerie et de faux dans les titres. En 2015, l’accusé doit de l’argent à la victime, qui habite au Quai du Seujet. Le retraité de 73 ans lui a prêté 30'000 francs quelques mois auparavant.
Selon l’acte d’accusation, le 10 mars 2015, le meurtrier présumé donne rendez-vous à la victime le lendemain, pour lui rendre cet argent.
Il se rend le matin du 11 mars dans son appartement vers 10 h 30. A midi trente, le retraité rentre chez lui, l'accusé lui tire deux balles de carabine dans la tête. Il lui ligote ensuite les poignets et l’emballe dans une première couche de sacs poubelles scotchés, puis dans une 2ème couche de plastique transparent et enfin dans une fourre de duvet. Il transporte ensuite le corps sur le balcon de l’appartement et le recouvre de sacs poubelles pour le dissimuler. Puis il s’empare du téléphone portable de la victime, des clés de son appartement, de sa carte bancaire ainsi que de sa voiture. Peu avant 14 heures, il quitte le Quai du Seujet à bord du véhicule du retraité, pour rentrer chez lui à Nyon. Le lendemain, le 12 mars, il retire de l’argent sur le compte de la victime. De mars à juin 2015, il prélèvera tous les mois, jusqu’à son arrestation, la rente AVS et les prestations complémentaires de sa victime.
Une sombre affaire d’argent et d’abus de confiance
Depuis 3 ans, le prévenu nie les faits et clame son innocence. Et ce, malgré que tout l’accable, l’ADN retrouvé un peu partout dans l’appartement, sur les câbles de la télévision, celle qui a été revendue avec une foule d’autres objets les jours après le meurtre dans un "Cachepay". De l’ADN aussi sur les sacs poubelles, les ciseaux et le scotch qui ont servi à emballer le corps. Du sang de la victime a même été retrouvé sur des gants de nettoyages chez lui. Interrogé par la présidente sur la carabine du crime retrouvée, chez lui, dans sa cave, avec des traces de tirs. Il prétend avoir tiré avec cette carabine sur une sacoche en cuir dans la forêt. La présidente, Alexandra Banna, lui fait remarquer que lors de la procédure, il a dit avoir tiré sur du bois. «J’ai dû faire une erreur», lâche-t-il laconiquement. Puis concernant la carte bancaire, il nie avoir été en possession de celle-ci le jour du meurtre. Il en avait bien fait usage, mais le jour précédent, pour faire des courses pour le retraité.
Durant son interrogatoire, l’accusé avance même que ce serait lui qui aurait prêté de l’argent au retraité et non le contraire.
A entendre les versions confuses et contradictoires de l’accusé, la défense va devoir se servir de tout son talent pour plaider l’acquittement de son client. Le procès se poursuit lundi avec les autres plaignants dans cette affaire, des victimes de son escroquerie notamment. Le verdict est attendu jeudi prochain.