Réuni en assemblée générale mardi soir, le PS genevois a décidé de s'opposer à la réforme fiscale des entreprises sur son volet fédéral et son volet cantonal. Tel sera donc le mot d'ordre du parti pour la votation du 19 mai.
Concernant la réforme cantonale, le débat a été "nourri et argumenté", précise le communiqué du PS qui a suivi le vote. La preuve en est le résultat de 89 voix contre et 72 oui. Les partisans du non ont mis en avant les pertes fiscales trop élevées pour le canton et les communes. Et la crainte de voir les services publics en pâtir.
Emplois et primes d'assurance-maladie en jeu
Le hic, c'est que ce nouveau vote va à l'encontre du compromis trouvé en décembre en commission fiscale du Grand Conseil et soutenu en assemblée générale en janvier. A savoir: un taux d’imposition des entreprises à 13,99%, au lieu des 13,79% proposé par le Conseil d'Etat. Une légère hausse négociée par les commissaires socialistes.
Sur le volet social, le projet fiscal, dont les pertes sont estimées à 186 millions, est lié au contre-projet du Conseil d'Etat à l'initiative de la gauche visant à plafonner les primes d'assurance-maladie à 10% du revenu du ménage. La principale mesure du contre-projet consiste en une aide de 186 millions pour permettre aux familles de payer les primes.
Jeudi 31 janvier, au Grand Conseil, le compromis, déjà vacillant, avait tenu bon. Malgré les efforts du chef de groupe Thomas Wenger, certains députés socialistes avaient préféré s'abstenir. On les retrouve sans doute aujourd'hui dans les rangs de ceux qui se félicitent du vote de mardi soir. Cette victoire du non, c'est aussi celle de la conseillère administrative d'Onex, Carole-Anne Kast, qui estimait avant l'assemblée que le PS devait "ouvrir les yeux".
Le PS remet "sa veste à l'endroit"
Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas fait attendre. La députée Amanda Gavilanes se dit "fière d'être socialiste". Le député Diego Esteban cite son ainé, Pascal Holenweg. Ce dernier, conseiller municipal en Ville de Genève aurait dit que "le PS retourne sa veste, mais pour la remettre à l'endroit". Même enthousiasme de la conseillère municipale et candidate à la candidature au conseil administratif de la Ville de Genève Christina Kitsos.
La position d'une autre candidate, à savoir la vice-présidente du parti cantonal, Caroline Marti est moins affirmée. Pour cause, Caroline Marti est l'une des trois socialistes membres de la commission fiscale. Du côté de Romain de Sainte Marie, autre commissaire, la déception est en revanche clairement affichée: "J'aurais tant souhaité éviter la politique du pire pour les Genevois-e-s", écrit-il sur Facebook. Un sentiment que doit certainement partagé le troisième commissaire PS: Thomas Wenger.
"La parole socialiste ne vaut rien"
Tandis que la gauche de la gauche félicite les Socialistes d'avoir, à leurs yeux, retrouvé la raison, le PDC et le PLR fulminent. Les commissaires en tête. Le député PLR Yvan Zweifel ne mâche pas ses mots: "A Genève, on sait dorénavant ce que vaut la parole socialiste: RIEN!" Et de rappeler 22 000 emplois directs et 39 000 emplois indirects sont en jeu.
Commissaire lui aussi, le démocrate-chrétien Vincent Maitre n'est pas plus tendre. Il qualifie le PS de "pitoyable" et lui reproche de "trahir ses partenaires politiques et de s’asseoir sur ses promesses et par la même occasion sur sa dignité."
Last but not least, on notera ce tweet du conseiller d'Etat PLR Pierre Maudet: "Je regrette vivement le camouflet que leur parti inflige à mes deux collègues socialistes au Conseil d'Etat, Anne Emery-Torracinta et Thierry Apothéloz. Et d'ajouter que "l'enjeu des 60 000 emplois vaut beaucoup plus que les luttes de clan au PS."
Une chose est sûre: le printemps politique promet d'être animé.
@marie_prieur