Le rapport périodique du Fonds monétaire international sur l’économie suisse est paru hier. On y accorde toujours une certaine importance. Alors dites-nous ce qu’il nous apprend que l’on ne savait pas déjà.
À vrai dire pas grand chose. La croissance qui ralentit, les risques qui augmentent par rapport aux inconnues du Brexit, de l’Europe, des relations internationales, du protectionnisme dans le monde. Et puis tout ce qui pourrait se passer de désagréable avec Bruxelles si le projet fiscal échouait en vote populaire le 19 mai prochain.
Et puis les taux d’intérêt négatifs, qui pourraient bien être encore plus négatifs. Même si les banques et les caisses de pension n’en peuvent plus d’être ainsi pénalisées dans leurs placements. Et puis le risque sur l’immobilier si les taux hypothécaires se remettaient à monter, comme ça arrivera forcément un jour. Et puis l’endettement des ménages en Suisse, qui est l’un des plus élevés du monde.
Ah bon ? L’endettement des ménages ? Ça c’est un record dont on parle rarement !
Oui, parce qu’il ne s’agit pas seulement de dettes courantes. De celles que l’on contracte pour acheter une voiture, payer des impôts en retard ou un divorce. En réalité, 90% de la dette privée est une dette hypothécaire. Les Suisses empruntent beaucoup sur leur maison parce que les conditions d’emprunt sont très bonnes. C’est un problème bien identifié.
Alors c’est plutôt rassurant de voir que les experts du FMI font à peu près la même analyse que celle des économistes en Suisse.
Oui et non. Comme toujours d’ailleurs avec ces rapports par pays, sur la Suisse, la France, le Canada, le Japon, etc. Les rapports du FMI sont un peu comme les rapports de l’OCDE par pays. On s’imagine que des groupes d’experts suivent attentivement les profondeurs de l’économie suisse. Depuis Washington, ou se trouve le FMI, ou à Paris pour l’OCDE. Et qu’ils publient de temps en temps une étude pour dire ce qu’ils en pensent.
Et ça ne se passe pas comme cela ?
Non, pas vraiment. En fait, quand les experts du FMI ou de l’OCDE décident de faire un rapport sur la Suisse, ils commencent par éplucher ce qui s’écrit en Suisse sur l’économie suisse. Ensuite, ils peuvent avoir des entretiens avec des économistes du Département de l’Economie, des Finances, voire de la Banque nationale. Du coup, leurs rapports reflètent assez bien les analyses que les fonctionnaires font à Berne.
Mais alors tout cela ça sert à quoi, au juste ?
Eh bien à faire des rapports, tout d’abord. Sur des pays membres du FMI ou de l’OCDE. C’est la moindre des choses. Ils paient tout de même des «cotisations» importantes.
Et puis les experts du FMI ou de l’OCDE font des recommandations. Attention, pas d’excès. Pas d’insouciance ni d’optimisme béat. Attention à tout ce qui pourrait se passer de périlleux lorsque les taux d’intérêt remonteront, par exemple. Ce que l’on entend à longueur d’année en Suisse. Sans trop y faire attention. Mais quand c’est le FMI ou l’OCDE qui le dit, alors là on écoute attentivement. Pour ne pas dire religieusement.