La population de la Suisse passera de 9 millions d'habitants fin 2024 à 10,5 millions en 2055, une hausse principalement due aux migrations, selon le scénario de référence de l'Office fédéral de la statistique (OFS). Le vieillissement de la population va se poursuivre. Décryptage avec Alice, canadienne en stage chez Radio Lac.
A partir de 2035, l'accroissement naturel de la population, soit la différence entre le nombre de naissances et de décès, sera négatif. La croissance proviendra donc exclusivement des migrations et dépendra de plus en plus de la conjoncture économique du pays, écrit mardi l'OFS dans un communiqué.
Outre le scénario de référence, l'OFS en a calculé deux autres. Le scénario "haut" prévoit une Suisse à 11,7 millions d'habitants en 2055, le "bas" 9,3 millions.
Vieillissement prononcé
Le vieillissement de la population va se poursuivre, avec le passage à la retraite de nombreux baby-boomers et l'augmentation de l'espérance de vie. La population de 65 ans ou plus va augmenter d'environ 50% entre 2024 et 2055.
Elle devrait connaître une hausse rapide jusque vers 2040 avant de se stabiliser. La croissance annuelle maximale sera en 2029 avec 2,6%. Le nombre de personnes de 80 ans ou plus va quant à lui presque doubler, passant de 0,54 million en 2025 à 1,03 million en 2055. Cette année-là, les personnes de 65 ans ou plus représenteront un quart de la population, soit plus que les enfants et les adolescents (17,9%).
Le vieillissement de la population aura pour corollaire une hausse du nombre de seniors par rapport à la population active. Si on comptait 38 seniors pour 100 personnes actives de 20 à 64 ans en 2055, ils seront au moins 50 d'ici 2055.
Pourtant, dans le même temps, la population active, qui comprend les actifs occupés ainsi que les personnes au chômage, connaîtra une hausse de 12,5%. Et elle sera mieux formée puisque, d'ici 20 ans, plus de 60% des 25 à 64 ans disposeront d'un diplôme du tertiaire.
Zurich et Arc lémanique
La population de la Suisse continuera de se concentrer autour de l'agglomération zurichoise et dans l'Arc lémanique, écrit l'OFS. Les cantons qui verront leur population le plus augmenter sont Lucerne (+32%), Saint-Gall (+25%), Vaud et Genève (+22%), Argovie et Thurgovie (+20%). La population zurichoise devrait croître de 18%.
A l'inverse, la croissance devrait être de moins de 1% à Neuchâtel (+0,4%), Schaffhouse (+0,4%) et Appenzell Rhodes-Extérieures (+0,9%). Le Jura devrait quant à lui enregistrer une baisse de 0,1%.
Dans les autres cantons romands, la hausse est de 18,5% en Valais, 14,4% à Fribourg et 2% à Berne.
Initiative de l'UDC
Avec son initiative "Pas de Suisse à 10 millions", l'UDC veut empêcher que la population ne dépasse ce seuil d'ici 2050. Le texte réclame un contrôle strict de l'immigration et que des mesures soient prises dès que la population dépasse les 9,5 millions. Et si besoin, les traités internationaux "favorisant la croissance démographique", comme l'accord sur la libre circulation des personnes avec l'UE, devraient être résiliés.
Le Conseil fédéral s'oppose à ce texte qui compromet la prospérité, l'économie et la sécurité du pays. S'il ne propose pas de contre-projet, il reconnaît cependant que l’immigration et la croissance démographique posent des défis. Il propose donc de mettre en place des mesures d’accompagnement concernant l’immigration dans le marché du travail, le logement et le domaine de l’asile. Le Parlement doit encore se prononcer sur le texte. Ce sera ensuite le tour du peuple.