Un humoriste qui ose parler de la tristesse avec le sourire? C'est Adrien Laplana qui présente son spectacle "Histoire drôle d'un gars triste", un seul en scène mis en scène par Blaise Berlinger, où stand-up et sketchs s'entremêlent pour mieux explorer une émotion souvent évitée: la tristesse. Il était mon invité, à regarder en version longue.
Loin de l'humour noir ou caustique, le spectacle d'Adrien Laplana invite à regarder la tristesse autrement. "L'intention du spectacle, c'est de parler en bien de la tristesse," explique-t-il. "Elle est là dans notre vie, à plein de niveaux, et on fait tout pour l'éviter. Peut-être que parfois, il faudrait juste accepter d'aller mal."
C'est un constat qui fait écho à une tendance profonde dans l'humour d'aujourd'hui: celle d'utiliser le comique pour exorciser les peines. "Quand on va voir des humoristes, on cherche à aller mieux, mais parfois, on ne prend pas le temps de comprendre pourquoi on va mal," confie Adrien Laplana.
Un spectacle intime et donc universel
Comme beaucoup d'humoristes, Adrien Laplana se livre sur scène, mais il le fait avec un recul assumé. "Ce spectacle, c'est aussi une réflexion sur la façon dont on vit nos émotions. Il n'y a pas de hiérarchie dans la tristesse. Ce n'est pas un concours." Une idée qu'il développe avec une touche d'absurde et son humour si particulier, oscillant entre introspection et rires francs.
L'écriture du spectacle a d'ailleurs été inspirée par une phrase entendue lors d'un cours de psychologie: "La tristesse est la seule émotion dont on n'est jamais déçu." Cette idée a marqué l'humoriste et lui a permis de donner naissance à un show à la fois personnel et accessible à tous.
Un artiste ancré dans son époque
Sur scène, Adrien Laplana jongle entre sketchs écrits et moments d'improvisation. "Il y a une part d'impro, surtout selon l'énergie du public," avoue-t-il. "Mais mon humour ne repose pas sur les interactions de stand-up classique. J'aime raconter des histoires, poser des situations et jouer avec les émotions."
En parallèle de son parcours humoristique, il utilise aussi l'improvisation dans des structures sociales. "C'est un outil puissant que j'emploie dans mon travail d'éducateur. Cela permet de créer du lien, de s'exprimer librement et de faire passer des messages autrement."
Ce rapport direct à l'émotion fait d'Adrien Laplana un représentant d'une génération d'humoristes qui assument leurs fêlures. Il cite en exemple Kyan Khojandi, tout en s'en démarquant : "Je ne pense pas qu'on doive toujours transformer nos faiblesses en forces. Parfois, elles sont juste là, et c'est bien aussi. Tout ne doit pas avoir une utilité."
Avec "Histoire drôle d'un gars triste", Adrien Laplana livre une performance authentique et touchante sans oublier d'être drôle, tout en réaffirmant une conviction simple: rire et tristesse ne sont jamais très loin l'un de l'autre.
Avec IA