Les trois communes de la Vallée de Joux - Le Chenit, L'Abbaye et Le Lieu - diront le 22 septembre si elles souhaitent n'en former plus qu'une. Tandis que les opposants à la fusion craignent une perte d'autonomie et d'identité, les partisans soutiennent que la région serait plus forte et gérée de manière plus efficace avec une seule commune.
Si les trois communes disent oui, la nouvelle entité, dont le nom serait La Vallée de Joux, verrait le jour le 1er janvier 2027. Elle compterait environ 7000 habitants et, avec 16'361 hectares, détrônerait Château-d'Oex du titre de commune la plus vaste du canton de Vaud. Un non d'une seule commune ferait capoter tout le projet.
C'est du côté de L'Abbaye que les oppositions semblent les plus vives, tant au niveau de la population que des autorités politiques, trois des cinq membres de la Municipalité s'étant opposés à la fusion. Au Chenit et au Lieu, en revanche, les deux exécutifs se sont dits unanimement favorables au projet.
Parmi les voix réfractaires, Carole Voutaz, municipale à L'Abbaye, craint "une perte d'autonomie" des différents villages, appelés aussi fractions de communes, qui composent la Vallée (Le Sentier, Le Brassus, L'Orient, Le Pont, Les Bioux, L'Abbaye ou encore Le Séchey).
"J'ai le sentiment que l'on sera absorbé par la 'grande commune' et que notre représentation ne sera pas suffisante pour influencer les décisions", relève-t-elle, interrogée par Keystone-ATS. Elle redoute ainsi une "mise sous tutelle".
Plus efficace ou pas ?
"Toutes les décisions importantes se prennent déjà au niveau de la région", rétorque Charles Fontannaz, municipal du Lieu et président du comité de pilotage (Copil) de la fusion. "Mais avec trois communes, il faut faire trois fois le même travail, valider trois fois les mêmes décisions. Une fusion permettrait de simplifier ces processus et d'aller plus vite, bref de bénéficier d'un outil décisionnel mieux adapté", affirme-t-il.
Pas convaincue, Mme Voutaz craint plutôt "la mise en place d'une usine à gaz", "une bureaucratie accrue" ou encore "une perte de proximité et d'accessibilité pour les citoyens". Elle estime aussi qu'une commune fusionnée aurait moins de poids auprès du Canton. "Mieux vaut avoir trois syndics qui tapent sur la table qu'un seul", illustre-t-elle.
Ce n'est pas l'avis de M. Fontannaz: "Il n'y aurait certes plus qu'un seul syndic, mais celui-ci représenterait une commune plus grande et plus forte, avec une organisation davantage professionnalisée".
Identité villageoise
Les deux camps s'opposent aussi sur la marge de manoeuvre qu'aurait une seule et même grande Municipalité. Carole Voutaz juge que l'arrivée de plusieurs chefs de service "non élus et en poste pour longtemps" aura "un impact direct" sur les propositions de l'exécutif. Pour Charles Fontannaz, en revanche, la nouvelle Municipalité pourrait "se réapproprier des décisions", actuellement prises par des associations intercommunales.
La question d'une perte d'identité des villages revient aussi souvent dans le débat. Mais cette peur n'est "pas fondée", assure le président du Copil. "Cette fusion est une démarche politique et administrative. Rien ne va changer au niveau de la vie villageoise", souligne-t-il.
Ce n'est finalement que sur un pronostic pour le 22 septembre que les deux camps se rejoignent, tous deux reconnaissant que le suspense est de mise et qu'il serait "hasardeux" de prédire ce qui va sortir des urnes.
Long processus
Cela fait plus de dix ans que cette idée de fusion à trois circule à la Vallée de Joux. Un premier projet avait échoué en 2012, à la suite d'un refus du Conseil communal de L'Abbaye.
Le sujet est ensuite revenu sur la table en 2017 avec une nouvelle motion déposée dans les trois législatifs. Les trois communes l'ont acceptée et un comité de pilotage a lancé en 2021 le processus en cours.
Une convention de fusion a ensuite été élaborée, puis validée par les trois législatifs en mai dernier. Dernière étape, le 22 septembre avec le vote de la population.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats