Une vidéo récupérée sur le téléphone portable d'un secouriste tué par les Israéliens avec d'autres en mars à Gaza, selon le Croissant-Rouge palestinien, montre leurs ambulances aux signes clairement reconnaissables et gyrophares allumés avec le bruit de tirs nourris.
Le 23 mars, 15 secouristes et travailleurs humanitaires ont été tués par des tirs israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où une guerre oppose Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas depuis près de 18 mois, selon le Croissant-Rouge et l'ONU.
Il s'agit de huit membres du Croissant-Rouge palestinien, six membres de l'agence de défense civile de Gaza et d'un membre de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens. Leurs corps ont été retrouvés quelques jours plus tard enterrés sous le sable près de Rafah.
L'armée israélienne a indiqué jeudi enquêter sur "l'incident", tout en affirmant que ses soldats avaient tiré sur des "terroristes" et des "véhicules suspects" qui avançaient vers eux tous feux éteints.
Mais sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés. La vidéo, apparemment filmée depuis l'intérieur d'un véhicule en mouvement, montre un camion de pompiers et des ambulances circulant dans l'obscurité.
Tirs nourris
Les véhicules s'arrêtent ensuite près d'un autre garé en bord de route, et deux hommes, l'un portant un uniforme d'ambulancier et l'autre un gilet de secouriste, en sortent. On entend au même moment la voix de deux hommes parlant en arabe: l'un dit "un véhicule, un véhicule", "pourvu qu'ils n'aient rien". L'autre dit "on dirait un accident". Quelques secondes plus tard, des tirs nourris éclatent et l'écran devient noir.
Le Croissant-Rouge a indiqué avoir retrouvé la vidéo sur le téléphone de Rifaat Radwan, l'un des secouristes tués. "Cette vidéo réfute catégoriquement les affirmations de l'occupant selon lesquelles (...) certains véhicules se seraient approchés de manière suspecte, sans gyrophares ni signes d'identification", a dit le Croissant-Rouge palestinien dans un communiqué samedi. "Ces images exposent la vérité", a-t-il indiqué.
Plus tard, la porte-parole du Croissant-Rouge palestinien, Nebal Farsakh, a déclaré à des journalistes à Ramallah, en Cisjordanie occupée, que des soldats israéliens avaient "ouvert le feu de manière frénétique" sur les secouristes. Selon elle, le sort d'un secouriste reste inconnu. "Nous pensons qu'il a été arrêté", a-t-elle dit.
De son côté, le Hamas a dénoncé dans un communiqué "une tentative délibérée de dissimuler le crime en enterrant les victimes dans des fosses communes".
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), la première équipe a été tuée par les forces israéliennes le 23 mars, et d'autres équipes d'urgence et d'aide ont été frappées pendant plusieurs heures alors qu'elles cherchaient leurs collègues disparus. Le convoi avait été dépêché en réponse à des appels à l'aide de civils pris au piège des bombardements, selon le Croissant-Rouge.
"Les juifs arrivent"
Dans la vidéo, l'ambulancier en train de filmer récite la déclaration de foi, la "shahada", traditionnellement prononcée par les musulmans avant la mort, alors que le bruit des tirs nourris continue sans cesse.
Vers la fin de la vidéo et alors que les tirs continuent, il dit: "les juifs arrivent, les juifs arrivent", en référence aux soldats israéliens. Et avant la fin de la vidéo, on entend une voix masculine s'exprimant en hébreu dire: "attendez, nous arrivons. Nous ne sommes pas responsables, c'est vous qui êtes responsables". On ignore qui parle et à qui elle s'adresse.
La mort des travailleurs humanitaires a suscité un tollé international. Jonathan Whittall, directeur de l'Ocha dans les territoires palestiniens, a déclaré que les victimes étaient "en uniforme, portant encore des gants" lorsqu'ils ont été retrouvés. L'Ocha a parlé de "fosse commune".
Un responsable militaire israélien a dit à l'AFP qu'ils avaient été "recouverts de sable et de draps de façon à éviter leur détérioration" en attendant qu'ils puissent être récupérés.
"Toutes les allégations (...) seront examinées de manière approfondie (...) afin de comprendre le déroulement des événements", a déclaré plus tard l'armée dans un communiqué à l'AFP.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp