Le 1er ministre israélien Benjamin Netanyahu a choisi l'ex-commandant de la marine Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet, a indiqué lundi son bureau. Cela malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice du service de sécurité intérieure.
Il n'a pas été précisé quand et comment M. Sharvit prendrait officiellement la direction de l'agence, étant donné que l'arrêt de la Cour suprême sur la révocation de l'actuel directeur, Ronen Bar, n'a pas encore été rendu.
Benjamin Netanyahu a décidé le 21 mars de se séparer de M. Bar en évoquant "une perte de confiance professionnelle et personnelle persistante entre le premier ministre et le directeur du service" qui empêche "le gouvernement et le premier ministre d'exercer efficacement leurs pouvoirs".
Un communiqué officiel laconique avait annoncé que M. Bar quitterait ses fonctions au plus tard le 10 avril.
Limogeage suspendu
Mais à la suite de requêtes déposées par l'opposition israélienne et une ONG, la Cour suprême a suspendu le limogeage de l'actuel chef du service de sécurité intérieure par le gouvernement, jusqu'à l'examen des recours d'ici au 8 avril.
"Après avoir mené des entretiens approfondis avec sept candidats qualifiés, Benjamin Netanyahu a décidé de nommer l'ancien commandant de la marine, l'amiral réserviste Eli Sharvit, au poste de prochain directeur du Shin Bet", indique le bureau du septuagénaire dans un communiqué.
"L'amiral Sharvit a servi pendant 36 ans dans les forces de défense israéliennes, dont 5 ans en tant que commandant de la marine. A ce poste, il a dirigé le développement de la force de défense maritime (...) et géré des systèmes opérationnels complexes contre le (mouvement islamiste palestinien) Hamas, le (mouvement islamiste libanais) Hezbollah et l'Iran", a-t-il ajouté.
"Tentative d'influencer la Cour"?
L'examen des recours contre le limogeage de Ronen Bar et le choix d'un nouveau candidat par Netanyahu "se déroulent en parallèle", explique une experte en droit administratif et constitutionnel qui a demandé à conserver l'anonymat.
"La question de la légalité du licenciement" de M. Bar doit être examinée par la Cour suprême qui pourrait "annuler" la décision du gouvernement, ajoute l'experte. L'annonce de la désignation d'un nouveau directeur du Shin Bet pourrait être "une tentative d'influencer la Cour", selon l'experte.
La procureure générale du pays, Gali Baharav-Miara, qui joue aussi le rôle de conseillère juridique du gouvernement, avait averti Benjamin Netanyahu que la décision de la Cour suprême lui "interdisait" temporairement de nommer un nouveau chef du Shin Bet.
Campagne contre le système judiciaire
Mais, souligne l'un des chefs de l'opposition, Benny Gantz, le choix de publier le nom du candidat choisi avant même la décision de la Cour Suprême est problématique.
"Ce qui est clair, c'est que le Premier ministre a décidé ce matin de poursuivre sa campagne contre le système judiciaire et de conduire l'Etat d'Israël vers une crise constitutionnelle dangereuse", a-t-il estimé dans un communiqué.
Ronit Levine-Schnur, experte en droit constitutionnel à l'université de Tel-Aviv, nuance ces critiques en soulignant que le choix du nouveau chef du Shin Bet ne sera officiel que lorsqu'il sera validé par le gouvernement et publié au journal officiel: "tout ce que nous avons actuellement est la recommandation du Premier ministre".
Elle critique cependant que l'approche du gouvernement et le moment de l'annonce du choix d'Eli Sharvit: "Il faut respecter la loi, c'est l'essentiel (...), ils jouent avec le feu", a-t-elle dit à l'AFP.
"Dérive autocratique"
La décision de limoger le chef du Shin Bet a provoqué d'importantes manifestations en Israël. Certains dénoncent ce qu'ils considèrent comme une dérive autocratique du Premier ministre, à la tête d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire du pays.
Outre la tentative de limogeage de Ronen Bar, le Parlement israélien a adopté jeudi une loi renforçant l'influence du pouvoir politique sur la nomination des juges, ce qui relance un projet de réforme judiciaire clivant qui avait provoqué des manifestations massives en 2023.
Le gouvernement a aussi engagé une procédure de destitution contre la procureure générale du pays, Gali Baharav-Miara.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp